Gorillaz: « Humanz » – Un Voyage Numérique dans l’Ère Post-Humaine
L’année 2017 a vu le retour du groupe virtuel le plus iconique de la musique: Gorillaz. Sous la direction créative de Damon Albarn et Jamie Hewlett, Gorillaz a toujours été plus qu’un simple groupe musical. Il est une entité hybride – un mélange de musique, d’art visuel et de narration numérique. Et avec « Humanz », ils ont offert une autre couche de complexité à cette fusion.
« Humanz » est, à bien des égards, un album réactionnaire. Lancé dans une période tumultueuse de l’histoire mondiale, marquée par des bouleversements politiques, des tensions socioculturelles et une anxiété omniprésente à l’égard du futur numérique, il résonne comme un reflet de l’époque. Le titre même de l’album, « Humanz », avec son « z » stylisé, semble suggérer une version altérée ou évoluée de l’humanité.
Chaque morceau de cet album complexe, riche en collaborations, est une exploration de ce que signifie être humain à une époque où la réalité et le virtuel sont de plus en plus imbriqués. Le son est une fusion de hip-hop, de pop, d’électronique et de world music, créant une mosaïque sonore qui reflète le mélange culturel de notre monde globalisé.
« Ascension », avec Vince Staples, est une entrée percutante. Les paroles sont une réponse directe à l’élection de Donald Trump en tant que président des États-Unis, et la chanson parle des tensions raciales et de la paranoïa qui imprègnent la société américaine. Il pose une question claire: dans un monde en proie à la division et à l’oppression, comment les opprimés peuvent-ils s’élever?
Staples n’est pas la seule collaboration marquante. « Let Me Out », avec Mavis Staples et Pusha T, est un autre titre qui capture l’anxiété de l’époque. Pusha T évoque un monde où les informations sont manipulées, où la vérité est devenue élastique et où la peur est utilisée comme arme.
Cependant, « Humanz » n’est pas qu’une méditation sombre sur les temps modernes. Des morceaux comme « Andromeda » et « Strobelite », bien que toujours imprégnés de mélancolie, offrent une lueur d’espoir, un rappel de la beauté et de la joie qui persistent même dans les moments les plus sombres.
La diversité des collaborateurs de l’album – allant de Grace Jones à De La Soul, de Jehnny Beth à Benjamin Clementine – est un reflet de la diversité de la voix humaine. Dans un monde où les frontières s’amenuisent, où les cultures se croisent et fusionnent, « Humanz » est un rappel que la musique est un langage universel qui peut transcender les divisions.
Visuellement, « Humanz » est aussi une prouesse. Hewlett, le co-créateur et artiste derrière les avatars de Gorillaz, offre une nouvelle itération de 2-D, Murdoc, Noodle et Russel. Dans cet album, les personnages semblent avoir évolué, reflétant les tensions et les réalités du monde réel. Les vidéos musicales, toujours innovantes, combinent animation, prises de vue réelles et effets spéciaux pour créer des mondes immersifs qui complètent parfaitement la musique.
En conclusion, « Humanz » est plus qu’un simple album musical. C’est un commentaire social, une oeuvre d’art visuel et une exploration profonde de l’identité humaine à l’ère numérique. Gorillaz, avec sa capacité unique à fusionner différents médiums artistiques, offre une réflexion mordante sur notre époque. Et même si l’album peut parfois sembler sombre, il rappelle aussi que, malgré tout, il y a toujours de la lumière, de l’espoir et de la beauté dans le monde.