Justice : Une Odyssée Rock Électronique avec « Audio, Video, Disco »
Lorsque l’on pense au groupe français Justice, les premières images qui viennent souvent à l’esprit sont les croix lumineuses, le cuir et les rythmes électroniques lourds et dansants. Après le succès fulgurant de leur premier album, « † » (Cross), en 2007, qui leur a valu une place au sommet de la scène électro mondiale, beaucoup attendaient avec impatience ce que le duo parisien, composé de Gaspard Augé et Xavier de Rosnay, allait proposer ensuite. En 2011, ils ont répondu avec « Audio, Video, Disco », un album qui a surpris, divisé et finalement solidifié leur place comme l’un des actes les plus avant-gardistes de la musique électronique.
Le titre « Audio, Video, Disco », qui signifie « J’entends, je vois, j’apprends » en latin, donne le ton de l’album. C’est une exploration audacieuse des frontières entre rock et électronique, une fusion qui avait déjà été tentée par d’autres, mais jamais de cette manière. Avec cet album, Justice n’a pas simplement incorporé des éléments rock dans leur musique, ils ont recréé l’essence du rock des années 70 et 80 avec les outils et les méthodes de l’électronique moderne.
Dès le premier morceau, « Horsepower », on comprend que Justice a évolué. Les riffs de guitare y sont omniprésents, soutenus par une basse lourde et des synthétiseurs analogiques. Ce n’est plus simplement de la house ou de l’électro, c’est un hybride qui n’a pas peur de détruire les barrières.
L’un des singles phares de l’album, « Civilization », est une épopée musicale en soi. Avec un refrain entêtant chanté par Ali Love, la chanson dépeint un monde en décadence, où « les battements des tambours ont donné le ton » mais où « toute la civilisation se dirige vers la déchéance ». C’est un mélange hypnotisant de synthés, de guitares et de percussions qui montre à quel point Justice a maîtrisé l’art de mélanger les genres.
L’album comporte également des moments plus contemplatifs. La chanson éponyme « Audio, Video, Disco » est un hymne progressif, rappelant les groupes rock progressifs des années 70 comme Pink Floyd ou Yes, mais avec une touche moderne. Les arpeggios de synthé et les solos de guitare y prennent le devant de la scène, créant une atmosphère presque céleste.
Mais peut-être le moment le plus audacieux de l’album est « Canon », un morceau qui commence comme une ballade tranquille avant de s’embraser dans un feu d’artifice de sons électroniques, rappelant les meilleures heures de groupes comme Led Zeppelin ou Queen, mais avec une production résolument moderne.
Néanmoins, « Audio, Video, Disco » n’a pas été sans controverses. Certains fans de longue date ont été déconcertés par le virage rock du duo, accusant Justice de s’éloigner de ses racines électro. Mais avec le recul, il est évident que Justice n’a jamais cherché à plaire à tout le monde. Ils ont toujours suivi leur propre chemin, sans se soucier des attentes ou des conventions.
En conclusion, « Audio, Video, Disco » est un album audacieux qui démontre l’évolution artistique de Justice. Bien que différent de « † », il est tout aussi puissant et impactant. C’est la preuve que le duo parisien n’est pas seulement capable de créer des tubes pour les dancefloors, mais aussi de repousser les limites de ce que la musique électronique peut être. Avec cet album, Justice a non seulement fusionné le rock et l’électronique, mais a aussi redéfini ce que signifie être un artiste à l’ère moderne.