« Fragments » est le huitième album studio du producteur et musicien britannique Simon Green, connu sous son nom de scène Bonobo. Sorti le 14 janvier 2022, cet album représente une évolution majeure dans le son et la vision artistique de Bonobo, offrant un mélange sophistiqué d’électronique, de jazz, de downtempo et de textures sonores mondiales. Il s’agit d’un travail profondément contemplatif et émotionnel qui se distingue par sa capacité à évoquer des paysages sonores immersifs et à transmettre des humeurs complexes à travers une instrumentation riche et diversifiée.
L’album s’ouvre sur « Polyghost », mettant en vedette le talentueux musicien nord-irlandais, Jordan Rakei. La piste établit d’emblée l’ambiance de l’album, avec des textures électroniques superposées à des éléments acoustiques pour créer une atmosphère à la fois intime et expansive. La voix soul de Rakei ajoute une dimension humaine palpable au paysage sonore, créant un contraste captivant entre l’électronique et l’organique.
Le deuxième morceau, « Shadows », poursuit sur cette lancée, en collaboration avec le chanteur Miguel Atwood-Ferguson. Ce titre montre l’expertise de Bonobo dans la création de beats captivants qui s’harmonisent parfaitement avec des cordes cinématographiques. Il y a une sorte de tension dans la façon dont les beats électroniques s’entremêlent avec les éléments de cordes, créant une dualité entre l’urgence et la sérénité.
« Tides » introduit la voix envoûtante de Jamila Woods, offrant une dimension lyrique et une narrativité qui contraste avec les instrumentaux plus abstraits des pistes précédentes. La production est subtile, permettant à la voix de Woods de briller, tandis que les touches électroniques et les rythmiques douces soutiennent le récit sans le submerger.
« Rosewood » est un retour aux racines instrumentales de Bonobo, avec un morceau qui se sent à la fois nouveau et classiquement Bonobo. Les percussions sont mises en avant, évoquant des influences de la musique du monde, tandis que les synthés créent une toile de fond hypnotique. C’est un morceau qui encourage l’auditeur à se perdre dans le rythme, soulignant la capacité de Bonobo à construire des grooves profonds et entraînants.
« Otomo » apporte une énergie surprenante à l’album. Avec la collaboration du groupe de musique électronique O’Flynn, ce morceau est une explosion de percussions et de basses qui semble presque taillée pour les clubs. Il y a un sens de l’accélération et de l’intensité qui se construit tout au long de la piste, démontrant la polyvalence de Bonobo et sa capacité à évoluer son son dans des territoires plus dancefloor sans perdre la sophistication de sa production.
Avec « Sapien », l’album prend un tournant introspectif. Les éléments sonores semblent explorés pour leur texture et leur timbre, plus que pour leur mélodicité. C’est une piste qui semble refléter les thèmes de la contemplation et de l’interconnexion, thèmes qui courent tout au long de l’album. La manière dont les sons s’entrelacent suggère une réflexion sur la complexité de la condition humaine et de notre place dans le monde naturel.
« Loom » est un moment de calme dans la tempête, offrant une pause méditative avec la voix invitée de Joji. C’est un morceau qui semble suspendre le temps, avec des synthés qui ondulent doucement et une mélodie vocale qui flotte, engendrant une sensation de paix et de réflexion solitaire.
« Counterpart » est une piste qui se construit autour d’un motif répétitif, presque hypnotique, avec des couches de synthé qui s’ajoutent progressivement pour créer un crescendo émotionnel. C’est une démonstration de la capacité de Bonobo à manipuler la répétition pour créer quelque chose qui est à la fois méditatif et profondément engageant.
« Day by Day » présente Kadhja Bonet, dont la voix offre un contraste doux et mélodieux aux rythmes et textures électroniques de l’album. La piste a une qualité rêveuse, avec des éléments de jazz et de soul qui s’entrelacent avec l’électronique pour créer un sentiment de nostalgie et d’espoir.
« From You » est une collaboration avec Joji qui clôt l’album sur une note introspective. C’est un morceau qui résume l’expérience de « Fragments », avec des éléments de l’ensemble de l’œuvre qui se rejoignent pour créer un final satisfaisant. Il y a une sensation de clôture, mais aussi une ouverture, comme si la fin de l’album n’était que le début d’une autre exploration musicale.
En somme, « Fragments » est un album qui témoigne de la maturité artistique de Bonobo et de sa maîtrise du paysage sonore électronique. Il explore les thèmes de la connexion, de la solitude, et de l’introspection à travers une palette sonore riche et diversifiée. Cet album n’est pas seulement une collection de morceaux, mais un voyage émotionnel qui demande à être vécu en tant qu’œuvre cohérente. Chaque piste est un fragment d’un tableau plus grand, et c’est dans l’ensemble que l’album trouve sa véritable force. Avec « Fragments », Bonobo a créé une œuvre qui résistera au temps, un album qui sera revisité encore et encore pour ses nuances subtiles et son pouvoir évocateur.